Lettre d’information n°68 – janvier 2024

Notre carte de vœux de l’année 2024 montre bien sûr l’église de Saint-Martin-aux-Bois. Mais connaissez-vous les petits personnages qui jouent des instruments de musique ? Ces appuis-main proviennent des stalles de l’ancienne église abbatiale Notre-Dame de l’Assomption de Simorre (Gers).

Cette église possède un bel ensemble de 38 stalles en chêne, du début du xvie siècle, sculptées de sujets religieux sur les jouées, et de petits personnages et monstres sur les appuis-main (les miséricordes ne sont pas sculptées).

Parmi les appuis-main, voici deux musiciens :

Celui de gauche est abrité par une sorte de cape dont sortent ses bras. Ses mains sont posées sur le corps de l’instrument, qu’il semble tenir à pleines mains, sans se soucier des petits trous sur lesquels il devrait poser les doigts. Mais la façon dont il applique l’instrument sur sa bouche permet de préciser qu’il ne s’agit pas d’une flûte, mais d’une chalemie, instrument à anche double, ancêtre du hautbois.

Celui de droite est plus étrange : peut-on parler d’un personnage devant cette sculpture ? Certes, le bas du corps est humain, protégé par un vêtement découpé en basques pointues, serrées par une ceinture. Il est chaussé de poulaines, souliers à pointes effilées, à la mode dans les années 1480. Mais le buste n’a rien d’humain ! C’est un sac, rond et gonflé, comme celui d’une cornemuse. Au niveau de ce qui devrait être la tête, le sac se prolonge par le hautbois percé de trous sur lesquels il pose correctement ses doigts. Être humain dont la tête est dissimulée, lors d’un carnaval ? Monstre humain jouant de la musique ? Simple plaisanterie, fantaisie du sculpteur ? Sens caché, que nous ne comprenons pas ? Il faut parfois rester humble devant les sculptures médiévales…

L’été à Saint-Martin-aux-Bois

Les dimanches des mois de juillet et août ont vu affluer de nombreux visiteurs dans le village de Saint-Martin-aux-Bois : au cours de ces neuf dimanches, nous avons accueilli environ 360 personnes, curieuses de découvrir, ou de re-découvrir, l’église, ou de la faire visiter à des amis ou de la famille. L’affluence a été moindre pour les journées du patrimoine, les 16 et 17 septembre, avec « seulement » 125 visiteurs en deux jours. La semaine précédant les journées du patrimoine, les participants à la Médiévale de Saint-Martin-aux-Bois avaient également pu admirer le chevet et les vitraux récemment restaurés.

C’est une année très positive en ce qui concerne nos activités d’accueil et de visites. Les visiteurs qui viennent pour la première fois sont toujours surpris par la beauté de l’édifice, par sa taille, par la « cage de verre » qui permet une belle luminosité dans l’église, et bien sûr par la richesse du mobilier (stalles, chaire, peinture murale…)

Nous sommes parfois amusés (et très contents !) lorsque des visiteurs qui ne veulent pas faire une visite guidée, craignant que ce soit trop long, restent finalement 1 h 30 à 2 heures…

Merci à tous ces visiteurs, et merci aux bénévoles qui les accueillent, les renseignent, les guident !

Exposition Le Langage des stalles

L’exposition a été inaugurée le dimanche 2 juillet, dans l’église de Saint-Martin-aux-Bois, où elle a pu être présentée certains dimanches : l’intérêt des visiteurs ne se dément pas !

Avant cette date, elle a été déployée dans l’église de Châtillon-sur-Indre (Indre), lors du colloque organisé par l’association Misericordia International, les 26 et 27 mai. Du 5 au 19 juin, ce sont les visiteurs et fidèles de la cathédrale de Noyon qui l’ont admirée, dans le cadre d’une exposition proposée par les Amis du musée du Noyonnais.

Elle va continuer à voyager en Picardie, grâce d’abord au Cercle Maurice Blanchard de Montdidier, qui la présentera du 14 au 28 mars 2024, soit à l’hôtel de ville soit dans le futur musée du Prieuré (près de l’église Saint-Pierre). Le vernissage de l’exposition aura lieu le samedi 16 mars, à 15 h : Kristiane Lemé-Hébuterne prononcera à cette occasion une conférence sur les stalles médiévales.

En avril et mai, notre exposition sera accueillie à la Bibliothèque universitaire de l’Université de Picardie-Jules Verne, à Amiens. Ce sera l’occasion, non seulement de voir, ou revoir, l’exposition, mais aussi peut-être de découvrir la Citadelle d’Amiens, lieu historique, dont la vie militaire s’est achevée en 1993, lors du départ de l’armée, et qui, depuis 2018, accueille les étudiants picards dans des locaux et un cadre aménagés par l’architecte Renzo Piano.

L’exposition devrait rejoindre la cathédrale Notre-Dame d’Amiens à l’automne 2024 (mi-septembre-fin octobre), avant de se déplacer à nouveau en Picardie…

Statue de la Vierge à l’Enfant

Lors des journées du patrimoine 2023, Marie-Bénédicte Dumarteau, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Oise, a présenté un petit diaporama sur la statue de la Vierge à l’Enfant, volée il y a une soixantaine d’années, et retrouvée lors d’une vente aux enchères à Paris en mars 2020.

Elle a été repérée et reconnue par les membres du Service du patrimoine du Ministère de la culture qui surveillent régulièrement les sites de vente, comme celui de Drouot. Le Conservateur des Antiquités et Objets d’art de l’Oise, Richard Schuler, est intervenu rapidement, avec l’aide de la DRAC Hauts-de-France et le Ministère de la Culture, auprès du Commissaire-priseur pour que la statue soit retirée de la vente. Une étude approfondie de l’objet et la comparaison avec des photos d’archives a permis d’authentifier formellement la statue comme étant l’objet volé : une photo (non datée) montre la statue devant les dossiers des stalles de l’église de Saint-Martin-aux-Bois, ce qui ne laissait aucun doute sur l’origine de l’œuvre ! La statue a donc été restituée à la commune, en 2021, mais elle a été mise en dépôt au MUDO-Musée de l’Oise, à Beauvais, en attendant que les conditions soient réunies pour qu’elle retrouve une place dans l’église de Saint-Martin-aux-Bois.

C’est une statue en calcaire, d’environ 80 cm de hauteur, datée du xive siècle. La Vierge est debout, légèrement hanchée, tenant l’Enfant Jésus assis sur son bras gauche. Elle lui tend le sein de la main droite. Les traits du visage de la Vierge sont très fins. Elle est coiffée d’une couronne ouvragée, dont dépassent des boucles de cheveux. La statue était peinte, et bien que la polychromie ait en partie disparu, les couleurs se distinguent encore, en particulier dans les plis des vêtements : la Vierge est vêtue d’un manteau bleu, qu’elle porte sur une robe rouge, et entourée d’un voile ocre orné d’une bordure verte. La restauration – en cours – consiste en un dépoussiérage de l’œuvre, une étude de la polychromie, pour voir s’il y a eu plusieurs couches de peinture et peut-être des changements de couleurs, et refixer s’il le faut cette polychromie.

Pour que la statue reprenne sa place dans l’église une console de présentation et de sécurisation sera réalisée. Notre association accompagnera ce retour, par une aide financière et en faisant réaliser un panneau d’information et son support, comme nous l’avons fait pour les stalles, la peinture murale, les vitraux…

Nous attendons avec impatience le retour de la Vierge à l’Enfant qui viendra compléter les richesses de l’église abbatiale de Saint-Martin-aux-Bois !

Poursuite des travaux de restauration

Il reste encore différents éléments qui méritent une restauration dans l’église de Saint-Martin-aux-Bois : une peinture murale (due vraisemblablement aussi à Guy de Baudreuil, soit fin xve siècle) est toujours dissimulée sous le retable du bas-côté droit de l’église. La sculpture de la Lamentation sur le Christ mort (dans la sacristie) mérite aussi un nettoyage et une restauration.

Mais avant d’envisager ces restaurations d’œuvres d’art, il semble plus judicieux de réaliser le « clos et le couvert » de l’actuelle sacristie, la chapelle ajoutée à l’église par Guy de Baudreuil au début du xvie siècle : certaines vitres sont en mauvais état, la porte qui donne sur le bas-côté, en bois de chêne, sculptée de figures de sibylles, montre des signes de faiblesse et a besoin d’un bon nettoyage !

Nous aiderons également la commune pour ces travaux, moins spectaculaires que les restaurations des stalles ou du chevet, mais indispensables pour la sécurité de l’édifice et des objets qu’il abrite.