La miséricorde du mois !

Nous vous avions demandé:
Que représente cette sculpture ? Que tient ce personnage dans ses deux mains ?

détail stalle de Salins-les-Bains
Salins-les-Bains (Jura)

Et voici la fin du mystère:

Notre dernière photographie ne montrait pas une miséricorde ni un appui-main : c’était le premier mystère !

Cette petite sculpture en faible relief se trouve sur la rampe d’un ensemble de stalles situé dans l’église Saint-Anatoile à Salins-les-Bains (Jura), stalles datées de la fin du 15e siècle.

Dans la plupart des ensembles de stalles, les jouées sont surmontées d’une rampe sculptée de personnages, d’animaux, de monstres sculptés en ronde-bosse, ou de volutes. Ici, les sculptures s’inscrivent sur les deux faces de volutes plates. Chaque jouée est surmontée de deux volutes, ce qui donne quatre petites scènes par jouée. Ce genre de rampe est très rare en France, mais se voit en Grande-Bretagne.

Le deuxième mystère concerne le personnage lui-même : il est à genoux, et tient dans chaque main un objet en bois, muni de grosses piques (sans doute métalliques). Cet homme n’a pas de pieds : il marche à quatre-pattes, sur les genoux et les mains, ces sortes de patins évitant le contact des mains et du sol.

Des pauvres, mutilés, mendiants, se rencontrent dans différents ensembles de stalles médiévales : une miséricorde des stalles de l’ancienne abbaye de Saint-Lucien-lès-Beauvais, au musée national du Moyen Âge, à Paris, montre un mendiant, pauvrement vêtu, à la porte d’une masure, une jambe mutilée et soutenue par un pilon qui lui permet de marcher. Mais nous n’avons jamais vu sur des stalles l’objet qu’utilise le personnage de Salins-les-Bains, objet qui est cependant présent sur des tableaux de Pieter Bruegel, dit l’Ancien, par exemple Le Combat de Carnaval et Carême (daté de 1559, conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne), ou sur un devant d’autel récemment présenté dans l’exposition L’art en broderies au musée national du Moyen Âge : la broderie de la Légende de saint Marc et de saint Jean (1e moitié du 14e siècle) provenant de l’hôpital civil de Malines met ainsi en scène un personnage estropié implorant saint Martin.

Mendiant
Antependium-Malines